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Echos de stage

mercredi 1er mars 2023

Capucine Gautier a effectué un stage de 4 mois, de novembre 2022 à février 2023 au sein de La Loure, sur les enjeux de communication. Un stage très riche où elle a beaucoup apporté par ses compétences, sa fraîcheur et sa curiosité, où elle a découvert aussi un champ qu’elle ne connaissait pas forcément très précisément. Nous lui laissons ici la parole pour un petit retour sur ces quelques mois passés à La Loure.

Un stage de quatre mois, c’est court pour cerner l’étendue de l’activité de La Loure, découvrir les musiques traditionnelles de Normandie et d’ailleurs, poser des repères historiques, affiner mon oreille, comprendre les enjeux du fonctionnement associatif, d’autant plus que je ne connaissais pas très bien le milieu dans lequel je me plongeais.

J’ai commencé à danser il y a un an. Les groupes folk à Paris m’ont fait découvrir ce qu’il se passe en bal, comment l’énergie des danseur.euse.s nourrit celle des musicien.ne.s, comment les corps communiquent, combien une musique est faite pour sa danse, combien surtout ces chansons, musiques et danses sont riches de leurs variantes. C’est peut-être comme ça que j’ai développé mon intérêt pour les musiques trad, peut-être aussi en écoutant la série de podcast Musiques populaires, une épopée française sur France Culture où j’ai aimé entendre les voix fortes des chanteurs traditionnels et les bandes magnétiques qui grésillent. C’est aussi sûrement parce que je m’interrogeais déjà sur la transmission orale et la culture populaire.

J’ai rencontré La Loure pour la première fois parce que je cherchais des contes et légendes de Normandie pour nourrir mon diplôme de scénographie. Je voulais écouter les habitants d’un territoire me raconter des histoires sur les lieux qui les entouraient. Des histoires, il y en a eu peu de recueillies ici, mais des chansons beaucoup. J’ai été surprise d’être conviée à la Rencontre de printemps 2022 à Tourouvre avec autant de simplicité. Je voulais en savoir plus, j’allais devoir retrousser mes manches et apprendre à mener une enquête de terrain, participer à la veillée chantée (je n’ai pas chanté, mais mes oreilles étaient grandes ouvertes) et écouter tout ce que l’on pouvait me raconter. On m’a chanté des chansons, complaintes, variantes de la Claire fontaine, chansons du Québec et on m’a proposé d’enregistrer pour m’en souvenir. On m’a parlé de l’histoire du collectage, avec beaucoup de générosité et d’enthousiasme. Cette façon de transmettre la connaissance m’a marquée.

Je ne suis pas vraiment différente des gens de ma génération, je suis venue à ma première randonnée chantée avec quelques préjugés. J’ai pensé que ce seraient juste des vieilles chansons pas très entraînantes qui parlent de vieux sujets, de jeunes filles naïves et de galants bien trop sûrs d’eux. Je me suis trompée et je repars avec plein d’airs dans la tête, de tournures de chansons et l’envie d’en apprendre encore d’autres. Il y en a un qui me reste dans l’oreille :

Un beau garçon s’en trouva fait
Je bats, je vanne, je faucherai
Filant ma quenouillette
Gardant mes blancs moutons.

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Capucine en train de filmer la randonnée chantée lors de la Nuit du chant traditionnel

Il y a cet enjeu, si l’on veut faire connaître les musiques traditionnelles, de les sortir des préjugés dans lesquelles elles sont enfermées. Pourtant, ces préjugés disparaissent à l’instant où l’on participe à un bal, à une randonnée chantée ou à une veillée. Je crois que les personnes qui pourraient avoir une affinité pour ces musiques y arriveront par des biais détournés, comme je l’ai fait. Je suis convaincue que ces musiques peuvent toucher d’autres personnes que moi et j’ai hâte de continuer à en apprendre pour un jour mener des rondes et les chanter pendant des marches.

Je remercie vraiment Yvon et Étienne, pour ce stage et pour la confiance qu’ils m’ont accordée tout du long, pour le temps qu’ils ont passé avec moi malgré les plannings chargés. Je suis aussi très heureuse de toutes les rencontres que j’ai faites au cours des évènements. J’ai appris énormément.

À bientôt sans doute,

Capucine