La pratique instrumentale

L’inventaire des anciens musiciens de routine effectué sur la zone révèle une grande densité d’instrumentistes jusqu’au début des années 1950. Il est à noter toutefois que tous n’ont pas joué dans les noces, occasion de jeu la plus prestigieuse pour un musicien, et que la "carrière" d’un animateur de noces s’achève souvent avec son propre mariage.

Constant Catherine à la vielle à roue. détail d’une photo de noce au Tourneur, vers 1913. Coll. part.

Le Bocage Virois présente la particularité d’être un des derniers bastions de la vielle à roue en Normandie. Cet instrument, associé aujourd’hui à l’image de régions comme l’Auvergne ou la Bretagne, était très bien implanté au XVIIIe siècle en Normandie et a décliné ensuite. Le dernier joueur identifié, Constant Catherine, est décédé en 1933 au Mesnil-Auzouf. Il était originaire de la commune du Tourneur... comme sa vielle à roue, fabriquée au début du XVIIIe siècle par un nommé Jacques Daigremont. Nous connaissons à ce jour au moins quatre vielles à roue fabriquées par ce dernier, ce qui fait de lui un peu plus qu’un luthier occasionnel.

Vielle faite par Jaques Daigremont. Coll. musée de Normandie.

Au XIXe et au début du XXe siècle, c’est le violon qui a principalement la faveur des habitants du Bocage. Il trône en maître sur les photos de noces avant 1914. Après la première guerre mondiale, il subit la concurrence grandissante de l’accordéon diatonique. Le violon ne résiste jusqu’à la fin des années 1930 que là où des musiciens ont une réputation et sont bien implantés, comme par exemple Alfred Drieu autour de Saint-Vigor-des-Mézerets ou Camille Villière à Mesnil-Auzouf.

Noce avec, au violon, Alfred Drieu, de Saint-Vigor-des-Mézerets (14). Coll. part.

Noce D’Alfred Duval, violoneux à La Bigne (14). Au violon, sans doute son père, Désiré Duval. Coll. part.

Accordéon diatonique - Contredanse 3 fois du pied par M. Heuchet, du Theil-Bocage (14)

Après 1945 - et parfois dès le milieu des années 1930 - l’accordéon diatonique décline à son tour au profit de l’accordéon chromatique, voire du phonographe qui vient déjà se substituer aux musiciens dans un certain nombre de noces.